Du nouveau dans les collections !

Publié le 11 juillet 2024

Un nouveau don dans les collections : le don Büchner

Le 7 mai 2024, la batterie a reçu la visite de Norbert Büchner, fils d’un soldat allemand de la batterie d’Azeville, entre aout 1943 et juin 1944.
Agé de 73 ans, il a décidé de parcourir plus de 1 000 km, pour marcher sur les traces de son père, Karl Heinrich Büchner, et remettre au Département de la Manche de nombreux documents lui appartenant. Parmi ces documents, son livret militaire, des photographies et une vingtaine de lettres, envoyées à sa fiancée depuis Azeville.

Dans une lettre datée du 4 juin 1944, Karl Heinrich Büchner, alors âgé de 21 ans, fait part de cette impression de quiétude, qui règne à Azeville, 2 jours avant le Débarquement :

« Je suis assis devant le bunker, il fait un temps splendide. Un petit vent vient nous rafraîchir sous ces températures caniculaires. Tout est calme… »

Karl Heinrich Büchner est né le 31 mars 1923 à Leipzig en Allemagne. En juillet 1942, il est enrôlé, à l’âge de 19 ans, dans une unité d’artillerie de la Wehrmacht. En novembre, il part pour la Russie. Les pieds gelés par le froid, il est rapatrié en Allemagne pour être soigné. En août 1943, il est envoyé en Normandie, à Azeville. Il devient standardiste au poste d’observation, situé à 2 km, à proximité de la batterie voisine de Crisbecq.

Le matin du 6 juin 1944, Karl Büchner se trouve dans ce poste d’observation, avec 8 autres soldats et le commandant de la batterie :

« Nous avions un périscope dans le bunker, que notre commandant, le Docteur Treiber a fait sortir. Il nous a dit « Venez ! » […] j’ai pu voir tous ces navires qui s’approchaient de la côte […] Nous avions peur ! Nous avions vraiment la trouille… parce qu’on ne savait pas ce qui allait nous arriver. Il n’y avait que des bombardements. […] Ce fût un véritable enfer. » (Témoignage pour Normandie TV, 2011)

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le poste d’observation est évacué. Alors qu’il remonte en direction de Cherbourg, Büchner est blessé. Transporté à l’hôpital maritime, il est fait prisonnier par les troupes américaines le 26 juin 1944. Envoyé en captivité en Angleterre, il réalise des tâches agricoles, notamment dans la ferme de la famille Taylor, avec lesquels il nouera de profonds liens d’amitié.

Libéré en août 1947, il retourne en Allemagne et retrouve alors son père, son frère, sa sœur et sa fiancée, qu’il épouse. Sa mère, elle, sera tuée lors des bombardements de la ville de Dresde, en février 1945. Il décède le 10 décembre 2012 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne).

Pour des raisons de conservation, le don Büchner est à découvrir à la batterie d’Azeville jusqu’au 24 juillet 2024.

Des collections qui s’enrichissent régulièrement

Depuis plusieurs années, des travaux de recherches sont menés, afin d’approfondir les connaissances sur l’histoire de la batterie.
Grâce à l’aide d’un passionné d’histoire allemand, nous avons pu entrer en contact avec plusieurs familles de soldats présents à Azeville pendant la Seconde Guerre mondiale. Les échanges avec ces familles nous permettent de redonner à ces soldats un nom, un visage, une histoire et, ainsi, conserver et transmettre la mémoire de cette période tragique.